Il fut un temps où les cinq royaumes de l’Ancien Monde brillaient d’opulence, de savoir et de puissance. Des cathédrales d’or s’élevaient dans les cités saintes, les forges impériales résonnaient nuit et jour, les sages sculptaient l’avenir dans la pierre des montagnes. Mais cet âge d’or n’a pas survécu aux passions humaines. La culture, la foi, les idées elles-mêmes sont devenues armes de discorde. De longues guerres ont ravagé les champs, incendié les bibliothèques et ruiné les coffres. Les conflits n’étaient plus menés pour le territoire, mais pour l’âme même des peuples.
Ce sont des siècles d’idéologies incompatibles, de croisades justifiées par les dieux ou les rois, de trahisons forgées dans les chambres froides du pouvoir. Chaque royaume, dans son orgueil, croyait pouvoir plier les autres à sa vérité. Mais l’Histoire en a décidé autrement : personne n’a gagné. Et tout le monde a perdu.
Aujourd’hui, l’Ancien Monde survit sous une paix aussi fragile que la glace au printemps. Les armées sont réduites, non par choix mais par nécessité. Les routes sont désertées, les récoltes maigres, les temples silencieux. On prie non plus pour la gloire, mais pour la survie. Les grandes capitales portent encore les marques des batailles, et les nobles se disputent des territoires devenus stériles.
C’est dans cette atmosphère de ruine et de désespoir que survient un événement inattendu. Un navire marchand, perdu lors d’une route commerciale désaffectée, revient après plusieurs semaines de silence. À son bord : une histoire folle. Au-delà des brumes océanes, bien plus loin que les cartes ne l’indiquent, existerait une terre immense, intacte, sauvage… et inexplorée. Aucun vestige humain, aucun étendard, aucun dieu connu. Juste la promesse d’un recommencement.
La rumeur se répand comme un feu sacré. Chacun y voit un espoir, un intérêt, un salut possible. Mais un tel voyage demande des ressources. Or aucun royaume, seul, ne possède encore les moyens d’en affréter un.
Face à l’impossibilité de partir seul, les royaumes, pour la première fois depuis des générations, choisissent la coopération. Une alliance improbable est forgée. Temporaire, certes. Méfiante, sans doute. Mais réelle. Les traités sont signés dans l’urgence. Les querelles sont mises en veille, la haine camouflée sous des sourires diplomatiques. Car tous savent que l’occasion ne se représentera pas : une nouvelle terre à découvrir, à partager... ou à conquérir.
C’est ainsi que naît l’Expédition du Nouveau Monde.
Chaque royaume, chaque culte, chaque organisation encore debout est libre d’envoyer qui bon lui semble. Le protocole est volontairement souple. Pas de restrictions, pas de caste imposée. Les candidatures sont ouvertes : noblesse en quête de gloire, roturiers affamés d’une seconde chance, alchimistes, soldats déserteurs, érudits, cultistes, survivants d’anciens ordres, criminels repêchés pour une cause... tous peuvent prétendre embarquer.
Un seul navire est préparé, renforcé pour la traversée. À son bord, une promesse : un avenir ailleurs, sur une terre sans maître. L’expédition est divisée en deux phases. Une première équipe, constituée d’explorateurs, est déjà partie — leur mission : bâtir un campement sommaire, tracer des repères, survivre. Aucun contact n’est possible avec eux. Le silence règne.
Le navire principal partira début Mai et arrivera le 6 Juin 2025, emportant à son bord les premiers colons officiels. Il n’y aura pas de retour, du moins cette année. Aucun autre bateau ne suivra immédiatement. Le monde que vous quittez s’efface derrière l’horizon.
Mais tout le monde ne possède pas les appuis ou les moyens pour embarquer. Certains trouveront refuge derrière les faveurs d’un royaume, d’un riche mécène, ou sous la protection secrète d’un culte. D’autres embarqueront clandestinement, dans les cales, ou camouflés parmi les membres d’équipage.
Peu importe la manière. Vous êtes sur le navire. Et vous partez pour un monde sans nom, sans carte, sans lois… pour l’instant.
Le Nouveau Monde. Personne ne connaît son nom véritable, car personne ne l’a revendiqué. Il est immense. Inexploré. Peut-être même dangereux. Mais pour les voyageurs de l’expédition, il représente quelque chose de plus puissant qu’un simple territoire : l’opportunité d’un recommencement.
Vous n’êtes pas encore un conquérant. Pas encore un bâtisseur. Pas même un survivant. Vous êtes une promesse.
La première équipe, débarquée avant vous, n’a donné aucun signe de vie. Le protocole le prévoit : aucun moyen de communication ne relie l’Ancien Monde à la terre nouvelle. Ceux qui partent ne reviennent pas. Vous suivez donc des traces invisibles, sans certitude, avec pour seul espoir que des cabanes aient été érigées, qu’un feu vous attende à l’orée d’une forêt inconnue.
C’est là que commence votre histoire. Pas dans les chroniques d’un royaume, mais dans la boue, le sel et la lumière crue d’un nouveau rivage. Vous arrivez avec ce que vous êtes : vos secrets, vos ambitions, vos dettes et vos serments. Personne ne vous connaît. Tout peut être redéfini. Vous pouvez changer votre nom, votre foi, vos alliances. Vous pouvez fonder une cité ou sombrer dans la forêt.
Le Nouveau Monde est un terrain de jeu, un champ d’expérimentation, un piège peut-être. Mais il est surtout ce que vous en ferez. Vous y portez les cicatrices de l’Ancien Monde, oui. Mais vous êtes aussi porteur d’un souffle neuf.
Chaque choix aura du poids. Chaque rencontre, des conséquences. Car même ici, les conflits vous rattraperont. Les ambitions s’éveilleront. Les alliances fragiles se referont ou s’effondreront.
Ici commence l’écriture du futur. Et votre nom en sera peut-être l’encre.